Concerto pour deux pianos

Après Eclair de lune pour trois caisses claires principales, trois ensembles et électronique, après mon Concerto pour deux altos écrit pour Tabea Zimmermann et Antoine Tamestit, j'ai éprouvé le besoin de composer une nouvelle oeuvre pour un double-soliste, et le choix s'est porté sur le piano, tout d'abord par volonté d'écrire pour Varduhi Yeritsyan et François-Frédéric Guy, mais aussi parce que la confrontation de cet instrument orchestral, lui-même dupliqué, avec une masse symphonique m'offrait des possibilités de plans sonores infinies. Si l'écriture pour piano n'a rien de radicalement novateur, l'abondance de notes répétées (aux deux instruments et en simultané) crée un timbre percussif pouvant aller sur le plan dynamique du murmure au déferlement de violence. Souvent en échos, 1a plupart du temps en simultanéité, les deux solistes ne forment plus qu'un méta-instrument, le contrepoint étant assez absent de cette partition qui privilégie le choc des énergies à la superposition de lignes. Tout au long de ce parcours de 22 minutes, quelques éléments thématiques se dégagent (glas dans le grave de l'instrument, traits virtuoses dont certaines notes sont doublées et "gelées" à l'orchestre), unis par une harmonie souvent figée, qui assure un sentiment de continuité à cette véritable rhapsodie.

Bruno Mantovani,
3 octobre 2011