Oh !

Il s'agissait de prime abord "d'exercices" vocaux pour voix seule destinés à travailler la technique demandée dans l'interprétation de certaines oeuvres contemporaines. Ces exercices se sont rapidement transformés en une véritable oeuvre, au sens formel du terme, grâce à l'apport d'une flûte, non par référence au répertoire du début du siècle, mais parce que la technique de ces deux instruments les rapproche plus qu'elle ne les sépare. J'ai donc renforcé cette similitude en faisant très souvent jouer et chanter simultanément le flûtiste, en demandant à chacun des instrumentistes des manières de faire caractéristiques de l'autre et créer ainsi des rapprochements de timbre, de legato, de mode d'attaque, etc. A l'extrême, de fréquents unissons et notes alternées passant de l'un à l'autre de façon continue renforcent l'ambiguïté et concourent à ce que chaque instrument soit le prolongement de l'autre. La voix est donc traitée comme un instrument : pas de texte, uniquement des phonèmes afin qu'aucun sens ne vienne parasiter la pure instrumentalité de la musique. Cette oeuvre de caractère quasi enjoué change très souvent de couleur sonore et demande à la voix, pour laisser apparaître la poésie intérieure, une grande souplesse et agilité vocale.

Bernard de Vienne